Médaillier


Martin de Saint-Amand Trésorier Perpétuel de l’Académie

Charles-Clément Martin de Saint Amand

(1702-1763)

Par Yves Le Pestipon

Le portrait de Charles-Clément Martin de Saint-Amand est un des ornements de la salle des séances de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse. On y voit un homme élégant du milieu du XVIIIᵉ siècle, souriant, confortablement assis, et manipulant de sa main droite quelques pièces de monnaie. Ce n’est évidemment pas le portrait moral d‘un avare, tant ce personnage paraît affable, heureux de présenter les pièces qu’il ne retient pas pour lui. Cet homme, qui pourrait figurer parmi les philosophes de L’Encyclopédie, fut un remarquable collectionneur de monnaies, dont les découvertes ont largement alimenté le cabinet des médailles de l’Académie toulousaine.

Charles-Clément Martin de Saint-Amand n’était pas un toulousain d’origine. Il naquit à Chaumont-en-Bassigny, et il fit ses études à Besançon. Il ne vint à Toulouse que pour travailler, avec les Fermiers généraux, à la collecte de taxes concernant le tabac. Il fut Receveur général des tabacs, ce qui était une excellente charge pour s’enrichir.

On le trouve membre, dès sa fondation effective, de la nouvelle l’Académie des Sciences inscriptions et Belles lettres de Toulouse. Il en fut assez naturellement, dès 1746, le « trésorier perpétuel ». Il fut aussi membre de l’Académie, aujourd’hui disparue, mais qui se constitue presque au même moment, de peinture, sculpture et architecture de Toulouse. Il s’est donc rapidement intégré à la société savante toulousaine. « Plein de tendresse et d’enthousiasme pour sa nouvelle patrie, il exaltait sans cesse la beauté, les agréments, la fertilité, les productions, la salubrité de l’air, l’esprit et la vivacité des habitants de cette ville savante ». Voilà ce qu’on lit dans l’éloge qu’en fit Lefranc de Pompignan, son ami, collectionneur comme lui, pour l’Académie de Toulouse, en 1766.

La passion de ce notable pour les monnaies ne s’arrêta jamais. Sa fortune eut beau connaître de forts revers, par exemple lors d’une banqueroute cruelle, « son cabinet ne souffrit pas ».

Quatre mille monnaies sont répertoriées dans le catalogue qu’il en fit : Catalogus veterum numismatum quae collegit Carolus Clemens Martin de Saint-Amand, ab anno 1747. Beaucoup d’autres, de moindre valeur, figuraient aussi dans sa collection, que l’Académie racheta après sa mort, qui survint le 10 février 1763.

En 1755, Saint-Amand eut la chance et le talent d’examiner l’énorme trésor de Sainte-Suzanne près de Foix, qui venait d’être découvert. Parmi des milliers de monnaies, il sut vite en repérer quelques-unes d’extrêmement rares, et en très bon état. Son ami Lefranc de Pompignan, raconte qu’au milieu d’un nuit, prévenu presque in extremis par son beau-frère, il examina une chandelle à la main, avec une loupe, les découvertes qui lui étaient présentées. Il consacra ensuite des semaines à l’étude de l’ensemble, et fit l’acquisition d’un grand nombre de ces monnaies, qui, sans lui, auraient probablement été fondues.   

Outre ces monnaies et d’autres, l’Académie toulousaine put conserver jusqu’à la Révolution un des plus beaux achats de Saint-Amand, les deux roues en bronze trouvées à Fa, près d’Alet, et qui étaient en grand danger d’être fondues. Elles sont actuellement au musée Saint-Raymond, ainsi que l’essentiel des monnaies du cabinet de l‘Académie des Sciences.

Saint-Amand fut un esprit des Lumières, savant et actif, dont la passion contribua à la préservation et à la connaissance d’objets extraordinaires. Le regard bienveillant, qu’il semble toujours porter sur les séances régulières de l’Académie, est celui d’un homme d’esprit qui a su faire de son savoir l’occasion d’un partage d’humanité

Les Origines du Médaillier :

Le petit paysan et ses 60 000 pièces d’argent. (Gratien LEBLANC Mémoires Académie 1980)

Importante découverte de monnaies romaines dans le Lézadois au XVIII° siècle. (Urbain GONDAL Revue « Persée » 1969)

Importante découverte de monnaies romaines dans le Lézadois au XVIII° siècle (Suite). (Urbain GONDAL Revue « Persée » 1969)

Essai d’inventaire des sites gallo-romains de Lézat-sur-Lèze. (Urbain GONDAL Revue « Persée » 1969)

L’Inventaire du Médaillier :

Catalogus veterum numismatum quae collegit Carolus Clemens Martin de Saint-Amand, ab anno 1747 Tome I Tome II

Inventaire de 1833

Le prêt aux musées toulousains :

Conventions de prêt

Le musée Saint-Raymond (Mémoires S.A.M.F 1943)