L’Académie associée au sauvetage de Montmaurin


Vue aérienne de la villa gallo-romaine
MONTMAURIN-LESPUGUE en HAUTE-GARONNE :

« un site archéologique et naturel unique en Europe » (Louis Méroc)
sauvé de la destruction par le Tribunal administratif de Toulouse (jugement du 24 octobre 2013)
La Vénus de Lespugue (22 000 ans), la villa-gallo-romaine de Montmaurin (Ier à IVème siècles ap. J.C.), la Mandibule pré-néandertalienne de Coupe-Gorge, le squelette du Lion des cavernes (140 000 ans), sont, dans ce site, les parties émergées les plus célèbres d’un patrimoine archéologique et paléontologique dont l’importance et la diversité ont été démontrées par des archéologues pionniers exceptionnels : René de Saint-Périer, Georges Fouet, Louis Méroc et leurs collaborateurs.
Au total, fossiles humains et objets ou traces d’origine anthropique, faunes et flores contemporaines des populations successives, démontrent une occupation humaine continue de 400 000 ans. Ceci résulte de la qualité exceptionnelle du remplissage dans plus de 100 diaclases et cavités répertoriées dans le dôme karstique entaillé par les vallées de la Seygouade et de la Save à hauteur des Gorges de cette dernière rivière (Isaure Gratacos). A ce titre, le dôme karstique et ses environs constituent un conservatoire archéologique et paléontologique exceptionnel dont le potentiel, à ce jour, n’a été que partiellement découvert.
Par ailleurs, le même site a permis, grâce à sa très grande diversité écologique, le maintien d’espèces représentantes de nombreux types de flores et de faunes – notamment de chiroptères – inféodées : méditerranéenne, subméditerranéenne, atlantique, médio européenne, montagnarde, bord des eaux, dont les migrations liées aux grandes crises climatiques quaternaires sont à l’origine de la mise en place d’une mosaïque végétale originale et rare expliquant, avec la richesse faunistique associée, le classement de la totalité de l’interfluve Save-Seygouade en Zone Naturelle à Intérêt Floristique et Faunistique (ZNIEFF de type 1).
En partie détérioré par d’anciennes carrières, ce géomorphosite exceptionnel était menacé de destruction, à terme totale, par une énorme carrière industrielle. Le Conseil Général de la Haute-Garonne, l’Association « Entre Save et Seygouade » de Montmaurin, appuyée par l’Association « Nature-Comminges » et l’Association ADAQ-Vie, ont introduit, auprès du TA de Toulouse, des requêtes en vue de l’annulation de l’arrêté préfectoral autorisant l’ouverture de cette carrière. Ces requérants ont été suivis par de nombreuses voix sous la forme de courriers, mémoires, motions et de deux pétitions, l’une locale et citoyenne, ayant recueilli plus de 4000 signatures parmi les visiteurs du musée de Montmaurin, l’autre, internationale, signée par plus de 350 scientifiques ou éminentes personnalités, répartis dans de nombreux pays du monde !
S’appuyant sur les caractéristiques décrites ci-dessus et sur d’autres arguments, soulignant notamment les insuffisances de l’étude d’impact déposée par l’industriel, le Tribunal a annulé l’arrêté préfectoral d’avril 2009. Sauf appel à la décision prise en première instance, la carrière ne sera pas ouverte et le site sera, il faut le souhaiter, définitivement protégé et valorisé aux plans culturel et touristique avec retombées économiques vers les collectivités locales.
L’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse se félicite et s’honore d’avoir voté à l’unanimité une motion attirant l’attention des décideurs sur la qualité du site menacé et demandé l’interdiction d’ouverture de la carrière.

Merci à Marcel Delpoux membre de notre académie, à Thérèse Miro, responsable du Musée archéologique de Montmaurin et à Sylvia Belair présidente de l’Association « Entre Save et Seygouade, Montmaurin » qui ont préparé le Dossier Montmaurin.